Quelle est la différence entre le CrossFit et l’Hyrox ?

Quelle est la différence entre le CrossFit et l’Hyrox ?
Le Sled Pull, là ou les espoirs de finir un Hyrox dans un temps correct s’effondrent

La fameuse différence entre le CrossFit et l’Hyrox… C’est probablement l’une des comparaisons les plus fréquentes quand je parle d’Hyrox à un nouvel athlète ou à un coach.

Au début, quand on me demandait : « c’est quoi l’Hyrox ? » Je répondais souvent : « tu vois le crossfit ? L’Hyrox c’est 8 épreuves de crossfit mais entre chaque épreuve tu cours 1 KM »

Preuve que les 2 restent assez similaires aux yeux du grand public.

Et c’est légitime : les deux disciplines partagent une culture du dépassement, de la polyvalence et de l’effort fonctionnel. Mais dans la pratique, elles sont fondamentalement différentes, dans leur logique, leur format, leur accessibilité et même leur philosophie.

J’ai pratiqué les deux. J’ai transpiré sur des WODs AMRAP en box CrossFit. Et aujourd’hui, je prépare mes courses Hyrox avec une rigueur différente. Voici ce que j’ai appris de cette double expérience.

Une structure opposée : libre vs standardisée

Le CrossFit repose sur un principe simple : la variété permanente. Chaque jour, chaque WOD, chaque compétition peut être différent. Tu ne sais pas à l’avance ce que tu vas devoir faire. C’est ce qui fait son charme, mais aussi ce qui le rend difficile à standardiser.

L’Hyrox, c’est l’exact opposé. Tu sais exactement ce qui t’attend : 8 km de course, 8 ateliers fonctionnels, toujours dans le même ordre. Pas de surprise. Ce format figé est justement ce qui rend la discipline entraînable, mesurable, reproductible.

🗣️ “Là où le CrossFit teste l’adaptation, l’Hyrox teste la constance.”
— extrait de ma newsletter du 4 mai

En Hyrox, tu maîtrises les règles du jeu avant d’entrer sur le terrain. En CrossFit, c’est souvent l’inverse.

Une différence de format : complexité vs répétabilité

quoi que tu fasses, tu devras obligatoirement passer par ces satanés Wallballs pour terminer un Hyrox
Quoi que tu fasses, faudra passer par les Wallballs pour finir un Hyrox

En CrossFit, les mouvements techniques sont nombreux et parfois très avancés : snatch, overhead squat, muscle-up, handstand walk… Il faut du temps pour maîtriser la technique avant de pouvoir performer.


À l’inverse, en Hyrox, tous les mouvements sont simples mais éprouvants : courir, ramer, pousser, tirer, lancer une balle. Pas besoin de maîtriser un clean & jerk pour participer. Il faut juste être prêt à souffrir… longtemps.

Et quoi que tu fasses, tu devras obligatoirement passer par ces satanés Wallballs pour terminer un Hyrox (voir photo ci-dessus).

Je me souviens de ma toute première course Hyrox. Aucun mouvement ne m’a paru compliqué, mais l’enchaînement brutal des ateliers m’a vidé comme jamais. Le challenge n’est pas dans la technicité : il est dans la durée et l’enchaînement sous fatigue.

D’un point de vue plus « technique », L’Hyrox reste une course d’endurance. Il sollicite avant tout notre capacité aérobique sur un effort d’environ 1H30 en moyenne.

Au contraire, le crossfit se concentre avant tout sur la force et l’explosivité. Il vous demande un socle anaérobique exceptionnel pour performer à haut niveau. Mais l’effort va durer en moyenne entre 3 et 15 minutes selon le WOD du jour.

Les 2 sports n’utilisent pas du tout le même système d’energie du corps humain.

Une approche différente du corps et de la performance

Pour moi, la vraie différence entre le CrossFit et l’Hyrox réside comme je l’expliquais juste avant, dans les skills nécessaires pour performer correctement.

Le CrossFit valorise la puissance explosive, la coordination, la variété des plans de mouvement. C’est un sport complet, parfois même acrobatique (RIP le Handstand…).
L’Hyrox, lui, est plus linéaire. Il mélange endurance, force de base et gestion de l’intensité continue. Ce que tu gagnes, c’est en stabilité, en régularité, en économie d’effort.

Dans ma préparation pour Chicago, j’ai appris à calibrer chaque atelier, à économiser les transitions, à gérer la fatigue sur 60 minutes. En CrossFit, je cherchais souvent à “dézinguer” le WOD. En Hyrox, je cherche à “tenir”. C’est une toute autre stratégie mentale.

Aerobie VS Anaérobie encore une fois. Je vous renvoie d’ailleurs à cet excellent article si tout ça vous semble un peu trop confus.

Une accessibilité différente

C’est un point crucial. Pour débuter en CrossFit, il faut souvent passer par un processus d’apprentissage technique. Savoir maitriser un clean & jerk, faire des « toes to bar », des « handstand push-ups », ça s’invente pas.

D’ailleurs, il faut aussi un BAC+5 « Crossfit première langue » pour comprendre tout le jargon de ce sport !


En Hyrox, tu peux participer à ton premier event même sans historique sportif, tant que tu es capable de courir 8 km et de pousser un traîneau. Les formats “Open”, “Doubles” ou “Relais” permettent à n’importe qui de commencer, et de se comparer aux meilleurs sans être exclu par la complexité.

Et niveau « Jargon », à part comprendre ce qu’est un « SKIerg », un « SLED » et apprendre à faire des « Wallballs », ça reste très soft !

Et ça, pour moi, c’est ce qui va propulser l’Hyrox au niveau mondial. Il n’exclut personne. Et il est simple à comprendre.

Les 2 sont finalement complémentaires

Depuis que je me suis vraiment investi dans la préparation Hyrox, j’ai réalisé que le CrossFit n’est pas une discipline concurrente, mais un véritable levier de progression. Plus je m’approche du haut niveau, plus je mesure à quel point la pratique du CrossFit devient essentielle pour performer sur certaines stations clés de l’Hyrox.

Car si l’Hyrox repose sur un effort constant, long, et majoritairement en endurance musculaire, la capacité à être explosif, à générer de la puissance même en étant compromis, fait toute la différence. Et cette explosivité, je la développe aujourd’hui dans mes séances CrossFit.

Prenons les Burpees Broad Jumps. Ce sont des mouvements simples mais terriblement exigeants quand les jambes sont pleines d’acide lactique. Et pourtant, c’est justement dans ce moment de saturation musculaire que tu dois continuer à produire des bonds longs et efficaces.

Pourquoi ? Parce que plus tu sautes loin, moins tu fais de répétitions, plus tu gagnes du temps. Et pour progresser là-dessus, j’ai intégré des blocs très spécifiques issus du CrossFit.

Par exemple, je travaille régulièrement des formats type Metcon ultra-intenses mais très courts, comme le classique 21-15-9 :

  • 21 thrusters avec des kettlebells,
  • 21 burpees over kettlebells,
  • 21 wall balls

Puis 15 et 9 reps.

C’est un effort extrêmement anaérobique, qui te fait monter très vite dans les tours, mais qui te prépare précisément à la zone d’intensité des wall balls en fin de course.

La clé : travailler la base Aérobique et Anaérobique pour performer en Hyrox ET en Crossfit

Exemple de WOD de type "CROSSFIT" Mais parfait pour l'HYROX
Exemple de WOD de type « CROSSFIT » Mais parfait pour l’HYROX

Ce sont des séances où le cœur tape très fort, les jambes brûlent, mais où tu dois maintenir une qualité de mouvement maximale. Et ça, c’est exactement ce que l’Hyrox exige de toi sur les derniers ateliers.

Sur le sled push et le sled pull, le lien avec le CrossFit est aussi évident. Je renforce ma posture, ma chaîne postérieure, mon gainage et ma capacité à tirer et pousser lourd avec des mouvements comme le deadlift, les jerk, ou encore le sandbag carry lourd. Tous ces exercices me permettent de créer une vraie structure de puissance fonctionnelle pour tracter ou pousser plus efficacement en course.

Et sur les burpees ?

Je m’appuie beaucoup sur des box jumps, des circuits de plyométrie, des thrusters à haute intensité, pour habituer mon corps à produire de la puissance même sous fatigue avancée. Ces blocs d’entraînement croisés me permettent d’améliorer ma capacité à encaisser l’acide lactique tout en maintenant une cadence élevée sur des mouvements simples. Et c’est exactement ça, la clef de la performance Hyrox.

Mais l’inverse est tout aussi vrai. Beaucoup de CrossFitters qui se mettent à l’Hyrox pensent que leur niveau de puissance et d’intensité suffira. Mais très vite, ils se rendent compte qu’ils manquent de base aérobie. Car l’Hyrox, malgré sa simplicité apparente, est une course très longue. Et pour tenir 60 à 90 minutes d’effort constant, il faut une énorme endurance fondamentale.

C’est là que les séances d’Hyrox prennent le relais :

  • intervalles de run,
  • travail zone 2 sur les ergos (SkiErg, Rameur),
  • tempo sur les sled ou les sandbag lunges
    Tout ça construit une fondation d’endurance que le CrossFit pur ne développe pas toujours, ou pas en priorité.

C’est simple : si tu veux performer à haut niveau sur l’Hyrox, tu as besoin de la base aérobie. Et si tu veux performer sur les stations, tu as besoin de la puissance du CrossFit.

Les deux sont parfaitement complémentaires. Il ne faut surtout pas les opposer.
Et je crois même que l’athlète fitness ultime, aujourd’hui, c’est celui qui performe très bien dans les deux univers.

On en a d’ailleurs la preuve du côté féminin avec Tia-Clair Toomey, reine incontestée du CrossFit Games. Elle a énormément travaillé sa base aérobie, et aujourd’hui, elle fait partie de l’élite mondiale sur la partie Hyrox féminine.

Finalement, pour être complet, solide, rapide, explosif et constant, il faut maîtriser les deux mondes. CrossFit + Hyrox. Ensemble, et pas l’un contre l’autre.


Compétition : le CrossFit Games vs le Hyrox World Championships

ma qualification aux championnats du monde Hyrox 2025 à Chicago
ma qualification aux championnats du monde Hyrox 2025 à Chicago

Le CrossFit a ses Games, avec un système de qualifications en ligne (Open, Quarterfinals, Semis), des formats parfois opaques et des mouvements qui changent jusqu’au dernier moment.

En Hyrox, c’est beaucoup plus transparent. Tu connais ton format, tu cours dans ta catégorie, et tu as une seule à améliorier pour progresser dans le classement mondial : ton temps !

C’est plus démocratique, plus accessible, plus mesurable.

Personnellement, c’est ce qui m’a séduit. Je peux planifier ma progression avec précision, me comparer à d’autres athlètes dans le monde entier, et bâtir une vraie stratégie de course. Et mentalement, ça change tout.

En résumé

Le CrossFit et l’Hyrox partagent des points communs : intensité, culture du challenge, communauté engagée.
Mais leur structure, leur exigence, et leur approche de la performance sont très différentes :

CritèreCrossFitHyrox
FormatVariable et inconnuFixe et standardisé
MouvementsTechniques et variésSimples mais enchaînés
DuréeCourte à moyenne (5 à 20 min)Longue (50 à 120 min)
AccèsApprentissage préalable nécessaireAccessible dès la première course
CompétitionInégal selon les WODsMesurable, reproductible

Ce n’est pas l’un contre l’autre. Mais l’un ou l’autre, selon ce que tu cherches dans ton entraînement.

Crossfit vs Hyrox : encore des questions ?

Peut-on faire de l’Hyrox si on vient du CrossFit ?
Oui, totalement. Tu as déjà une bonne base cardio et fonctionnelle. Il faudra juste t’adapter à l’endurance continue et au format fixe.

Peut-on faire les deux en parallèle ?
Oui, mais avec une planification intelligente. L’Hyrox demande du volume d’endurance, le CrossFit de la récupération pour les charges lourdes.

Quel est le plus dur ?
Tout dépend de ton profil. Le CrossFit est plus technique. L’Hyrox est plus long et demande une gestion d’effort différente.

L’Hyrox est-il une évolution du CrossFit ?
Pas vraiment. C’est une branche à part, plus orientée performance mesurable et accessible au grand public.

Améliore ton temps sur ton prochain hyrox